Électrifier les véhicules: l’autoroute de la réduction des GES

45% des émissions municipales sont dues au transport routier. L’électrification des transports peut directement réduire les émissions de la ville.

Le gouvernement québécois s’est fixé l’objectif d’atteindre en 2030 une réduction de 37,5 % de gaz à effet de serre (GES) par rapport au niveau de 1990. Pour atteindre cet objectif, il compte notamment utiliser l’électricité renouvelable du Québec pour électrifier les transports, qui sont responsables de plus 43,3% des émissions du Québec. C’est dans ce sens que le gouvernement a annoncé sa volonté de voir 1.5 millions de véhicules électriques sur nos routes d’ici 2030, soit 20% du parc automobile québécois.

Comme nous l’avions mentionné dans notre précédent article, l’électrification de son véhicule est une réponse simple, efficace et rentable pour réduire son empreinte carbone. Mais d’un point de vue collectif, qu’est ce que cela représente? Prenons Alma, par exemple, une municipalité de 30 000 habitants avec 30 000 véhicules à essence et au diesel sur ses routes. Combien de véhicules devraient être électrifiés pour atteindre les objectifs de réduction de GES annoncés par le gouvernement ? 

Émissions de GES à Alma en fonction de leur provenance

GES à ALMA, QC

Sur l’ensemble des émissions de la ville d’Alma, 226 000 tCO2-eq, 103 000 tCO2-eq. (46%) proviennent du secteur du transport routier. Ainsi, atteindre la cible de  37,5% de réduction d’ici 2030, signifie l’élimination de près de 85 000  tCO2-eq. L’électrification de 20% des véhicules d’Alma ne réduirait les gaz à effet de serre de la ville que de 9%.

Les procédés industriels représentent la deuxième source d’émission la plus importante de la ville (36%). Cependant, même si l’industrie a indéniablement un rôle à jouer dans la transition énergétique, c’est aussi là que la mutation énergétique est la plus complexe et la plus longue à mettre en œuvre à cause des nombreux processus industriels à adapter. L’option la plus réaliste pour atteindre les cibles seraient donc d’électrifier davantage de véhicules!

En électrifiant 50% des véhicules présents dans la municipalité d’Alma, soit environ 15 000 voitures, on réduirait de 22,5 % les émissions de la communauté. Et si l’ensemble du parc automobile était électrifié, les émissions de la ville seraient réduites de 45% !

Scénarios de réduction des GES

Électrifier les transports est la voie la plus directe pour atteindre l’objectif fixé par le GIEC pour limiter les changements climatiques. Pour stimuler cette transition, la municipalité peut choisir d’installer des bornes de recharge publiques à certains endroits stratégiques, comme: 

  • des centres commerciaux, 
  • des stations services ou 
  • dans les centres-villes. 

En facilitant la recharge des véhicules, la ville montre son soutien à la transition énergétique. Investir maintenant dans les véhicules électriques ou dans les bornes de recharges est payant. Les municipalités et la population bénéficieront des aides gouvernementales pour l’achat des véhicules. De plus, en retardant cette transition, les municipalités s’exposent au risque de se voir, dans quelques années, obligées de payer, directement ou indirectement, pour leurs émissions de GES.

Si le gouvernement québécois garde le cap dans son plan d’électrification des véhicules, il est également légitime de se demander si le réseau d’Hydro-Québec aura la capacité nécessaire pour répondre au besoin d’énergie additionnelle que cela engendrera. En effet, la forte demande en électricité durant les heures de pointe est déjà un enjeu important pour le réseau électrique québécois.  Quel serait alors l’impact sur le réseau de l’électrification d’un million de véhicules en seulement quelques années? Le réseau électrique actuel peut-il répondre à une telle demande? Quelles seront les conséquences pour les utilisateurs du réseau?

Ces questions feront l’objet d’un prochain article!